D'une manière générale, les armées médiévales, comparées à l'armée romaine de la fin de la République et du Haut-Empire comme aux armées d'Ancien Régime, peuvent à bon droit passer pour des rassemblements hâtifs et aléatoires, presque toujours d'assez modeste dimension, incapables de faire campagne très longtemps, maîtrisant malaisément les problèmes de logistique, de commandement et d'organisation. Tout n'est pas faux dans ce diagnostic, qui mérite néanmoins sur plusieurs points d'être vérifié et nuancé. Il convient d'emblée de souligner que, surtout à partir du Xe siècle.., le grand effort militaire des médiévaux se traduisit par la coûteuse construction, l'entretien et la constante adaptation d'un exceptionnel réseau de fortifications (enceintes urbaines et villageoises, châteaux, maisons fortes, églises et ponts fortifiés, etc.) qu'il s'agissait de défendre au moyen de garnisons de guerriers plus ou moins professionnels (d'où l'importance de ce qu'on appelait aux XIIe-XIVe siècle.. l'" estage > et les " establies ") ou grâce à la participation plus ou moins massive de la population du lieu ou des populations avoisinantes.
Il convient aussi de souligner qu'il existait au sein de la société une classe héréditaire (un " ordre ") de bellatores ou de pugnatores à laquelle il était normalement fait appel chaque fois qu'il était souhaitable et nécessaire, mais aussi que l'ensemble de la population mâle avait à la limite vocation à être mobilisé lorsque les circonstances l'exigeaient, muni d'un équipement plus ou moins sophistiqué et appelé à se battre en fonction de ses propres usages guerriers.
Dans
la mesure où elles constituent normalement l'expression ou la manifestation
militaire d'un pouvoir donné, l'histoire des armées médiévales est à mettre
en rapport avec l'existence des différents pouvoirs, dans leur variété et
éventuellement leur hiérarchie, qu'ils soient royaux (ou impériaux),
princiers, féodaux e t urbains. À partir de la fin du XIe siècle.., les
croisades rassemblèrent souvent plusieurs armées distinctes et conjointes mais
on peut aussi considérer que tous ces éléments constituaient une seule
armée, sous l'autorité spirituelle du légat pontifical. Reposant sur un
pouvoir de fait, les grandes compagnies au XIVe siècle.. peuvent être
qualifiées d'armées, comme d'ailleurs à la même époque les forces
disparates qui participèrent à la jacquerie de 1358. Notamment à la fin du
Moyen Âge, il est parlé d'" armée de la mer " : ainsi celle, forte
de centaines de nefs qui, réunie en 1340 à l'initiative de Philippe de Valois,
fut vaincue la même année à la bataille navale de L'Écluse.[...
La réorganisation radicale des institutions publiques qui marqua l'époque carolingienne eut ses effets dans le domaine militaire. Vers la fin du VIIIe siècle., à l'apogée du régime, lorsqu'une grande campagne d'été avait été décidée par l'assemblée à la fois politique et militaire des Francs, à l'issue d'un Champ de mai, la mobilisation des troupes intervenait sur une grande échelle, à travers l'action locale des comtes : obéissant aux ordres, de nombreux combattants se rendaient alors sur les lieux de rassemblement, bien équipés, pourvus de chariots et de vivres pour plusieurs mois. Ces contingents s'agrégeaient à la force militaire qui se trouvait quasiment en permanence autour du roi ainsi qu'à d'autres groupes ayant répondu directement à l'appel des grands. Les effectifs réunis purent être assez considérables, ainsi contre les Lombards ou contre les Avars : jusqu'à quelques dizaines de milliers de cavaliers, dont certains couverts de fer, et le double ou le triple de gens de pied à l'armement plus sommaire, les uns et les autres souvent répartis, pour des raisons de logistique et de stratégie, en plusieurs corps d'armée. L'autorité du roi, l'appât du gain, la fierté d'appartenir de plein droit au peuple des Francs, tout cela stimulait les bonnes volontés.
À partir du milieu du IX, s., le bel instrument militaire carolingien. dont les chansons de geste devaient perpétuer les prouesses, perdit singulièrement de son efficacité en même temps qu'il se rétrécissait et qu'il se divisait: âpres et fréquentes querelles intestines d'une part, nombreuses défaites face aux envahisseurs vikings et accessoirement sarrasins d'autre part. [...]
Réunissant de petites unités dont la solidité et la cohérence reposaient en grande partie sur des liens personnels, les armées de l'époque féodale ne manquaient pas d'efficacité
Arc - Arbalète
L Arbalète utilisé dès le paléolithique, l'arc, arme de chasse et de guerre, a connu au Moyen Âge des perfectionnements techniques considérables. C'est en Angleterre qu'apparut le grand arc Uoragbow de bois d'if, considéré comme sa forme la plus achevée. d'une farce de traction qui pouvait dépasser les 70 kg, il avait une portée maximale de 270 m et un bon archer pouvait décocher de dix é douze flèches en une minute. Forme perfectionnée de l'arc, l'arbalète, constituée de deux pièces essentielles, l'arbrier et l'arc, tirait des projectiles appelés carreaux ou viretons à environ 250 m. Efficace dans la guerre de siège et la guerre navale elle souffrait toutefois, en bataille rangée, d'une faible cadence de tir (deux ou trois carreaux a la minute).•