LA
VOIE FERREE
SAINT-QUENTIN ORIGNY-SAINTE-BENOITE ET LE CHEMIN
DE FER TOURISTIQUE DU VERMANDOIS
La voie ferrée de Saint-Quentin à Origny-Sainte-Benoîte a été ouverte à
la circulation des trains le 23 mai 1874. C'était le premier tronçon d'une
ligne allant jusqu'à Guise, cette dernière exploitée dans sa totalité un an
après.
Elle était l'épine dorsale d'un réseau de chemin de fer d'intérêt local
desservant le Vermandois et la Thiérache, construit et exploité par la
Compagnie de Saint-Quentin-Guise et par sa filiale. la Compagnie des chemins
de fer Départementaux de l'Aisne. Avant 1914. cet ensemble de lignes était
indispensable à la vie de la Région. tant au point de vue du transport des
voyageurs (plus de 600 000 pour la seule ligne de Guise en 1914) que pour
l'échange des marchandises (trafic betteravier en constante augmentation).
La guerre rompra ce bel équilibre. Pendant quelques années, les lignes
furent utilisées par les Allemands. Lorsque ceux-ci se retirent, il ne reste
plus grand chose de la ligne entre Saint-Quentin et Origny. Placée sur la
ligne « Hindenburg », zone fortifiée par l'ennemi pour empêcher la
reconquête du nord-est de notre pays par les armées alliées, la voie avait
été démontée de Saint-Quentin à Mézières-sur-Oise, tandis que de nombreux
ouvrages de défense avaient été construits sur sa plate-forme. Les gares
étaient presque toutes détruites et seule celle de Ribemont reste pour nous
rappeler l'architecture des bâtiments d'origine.
La reconstruction fut longue et délicate, et l'équilibre d'avant-guerre ne
fut retrouvé qu'en 1921. Peu après, la société mère et sa filiale
fusionnaient pour créer la Compagnie des Chemins de fer secondaires du
Nord-Est, société importante puisqu'en 1925, elle exploitait 835 kilomètres
de voies ferrées, dont 450 dans le Département de l'Aisne. (Sur ces 835
kilomètres, il y en avait 267 à voie normale et 568 à voie étroite).
Hélas, dès 1935, le déficit s'installe, amenant inexorablement à des
fermetures de lignes, pour cause de non rentabilité. Une grosse partie du
trafic était alors apportée par le transport de betteraves et il suffisait
que la récolte soit mauvaise pour aggraver les difficultés financières de la
Compagnie.
Pourtant, malgré la concurrence routière, le Conseil général de l'Aisne est
convaincu que le chemin de fer reste indispensable au développement des
contrées qu'il dessert : c'est ainsi qu'il achète, en 1949, trois autorails
modernes qui rendront le service voyageurs plus confortable et plus rapide.
C'est pour empêcher un arrêt d'exploitation préjudiciable à l'économie
locale que, le 1er janvier 1952, il crée la Régie Départementale des
Transports de l'Aisne (R.T.A.), en rachetant les concessions des lignes de
la Compagnie des Chemins de fer Secondaires du Nord-Est.
La Régie créa et développa des moyens d'exploitation modernes qui ont permis
de maintenir le transport par fer partout où il était rentable. Ailleurs,
l'autocar a pris les relais de la micheline, alors que c'est en camions que
les betteraves rejoignent les sucreries. Le rail ne relie plus directement
Guise à Saint-Quentin depuis 1965, et le service voyageurs a été
définitivement abandonné d'Origny à Saint-Quentin le 30 juin 1968.
Seul, un important trafic de ciment, charbon fuels, lourds, produits
agroalimentaires (sucre, bouillons et potages déshydratés), alcool
éthylique, céréales et engrais ont permis de conserver cette ligne plus que
centenaire. D'ailleurs, la S.N.C.F. a repris depuis octobre 1981
l'exploitation de cette ligne de 24 kilomètres et procède actuellement au
renouvellement intégral de la voie ferrée équipée progressivement de rails
longs soudés.
Mais comment se fait-il que des voyageurs puissent la parcourir à nouveau ?
PAUL MONIOT MEMBRE DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DE ST QUENTIN