DES MILLERS DE MORTS ALLEMANDS SONT VENUS REJOINDRE
LES 600 MORTS QUI REPOSAIENT AU CIMETERE DE LA CHAUSSEE ROMAINE LORSQUE
GUILLAUME II L'INAUGURA LE 18 OCTOBRE 1915
L'empereur se recule en saluant à deux reprises notre groupe qui s'incline. Il s'empare des deux couronnes de lauriers enrubannées que lui présente un officier et va les déposer, l'une d'abord devant le panneau aux inscriptions françaises, l'autre ensuite devant le panneau allemand de l'édifice funéraire. IL cause enfin avec les plus gradés des officiers où figurent le prince Eitel, son fils, et le duc de Brunswick, son gendre; il remet son portrait au comte de Bernstorff commandant de place. Des commandements retentissent, les troupes présentent les armes, les militaires sans amies saluent.
Enfin, dans un vrombissement de moteurs, la file de voitures s'ébranle et le cortège impérial s'évanouit sur la route grise au loin, vers Saint-Quentin qu'il ne fera que traverser et dont, la masse se fond dans la . grisaille endeuillée du temps, des âmes et des choses ... .
LE CIMETIÈRE PENDANT
L'OCCUPATION
Il y a de cela quarante ans... Ce cimetière, dont on parle peu, a néanmoins toujours été bien entretenu.. Quelquefois, des Saint--Quentinois en promenade vont en faire le tour, regardent les petites croix de bois qui s'alignent en rangs serrés. Le monument par lui-même n'a jamais été beaucoup prisé par le public. Les Saint-Quentinois, assez Bouilleurs, avaient surnommé " Bamboulas ", à cause de leur patine poussée au noir, les deux guerriers antiques préposés à la garde du fronton gréco-chrétien.
Les " Bamboulas " ont suivi leurs compatriotes lors du repli, mais ils se sont arrêtés à Maubeuge dans une caisse. -Ils ont, depuis, été remis en place, pour tenir la parole loyalement donnée par M.. Gibert, le 18 octobre 1915. Lors de l'inauguration, il y avait 616 Allemands, dont 25 officiers et Sous-officiers inhumés là et 126 Français Depuis bien sûr, les restes des Français ont été remis à leurs familles, mais les restes d'autres morts allemands sont venus rejoindre leurs aînés.
II y a actuellement plus de dix mille corps de la guerre de 1914-1918, dont environ quatre mille identifiés, et quelques centaines de la guerre 1939-1945. Tous Allemands, bien entendu. Paix à leurs cendres,..
récit - recueilli et commenté par M. Henri Pigeon -Henri Pigeon ( ancien. prisonnier. et déporté des 2 guerres, ancien membre de la Société Académique) -document Mme Séverin Société Académique de Saint Quentin