retour page accueil

D'AMERVAL Nicolas

La famille d'Amerval, originaire du Hainaut, est fixée en Picardie depuis le XVe siècle

Nicolas d'Amerval, né sous François 1er, brillant dans toutes les sphères, guerrière, politique, et même domestique, puisqu'il fut marié trois fois. Cependant, il était bossu. Il n'importe : ses magnifiques bosses intellectuelles prévalurent sur la bosse maudite. Il était châtelain d'Happlincourt, seigneur d'Amerval, de Liancourt, de Mézières et autres lieux, baron de Benay, et fut bailli de Chauny.

Il courut deux grandes aventures :

En premier lieu sa participation à la défense de Saint-Quentin en 1557

Il était encore jeune. Il compensait sa petite taille et sa bosse par d'étonnantes qualités d'intelligence, de caractère et d'action, et Coligny lui assigna un commandement qui réclamait beaucoup d'ascendant sur la troupe, principalement sur une troupe improvisée comme fut la sienne.

"Je fus averti, écrit Coligny lui-même dans son Mémorial du siège, qu'entre ceux qui s'étaient retirés dedans Saint-Quentin, de l'alarme qu'avaient donnée les ennemis marchant par pays, il y avait plusieurs bons hommes de la frontière, qui avaient accoutumé de faire la guerre en de petits forts où ils se tenaient. Pour quoi, pour me servir de tout ce que je pouvais, je donnais charges à deux gentilshommes du pays, l'un nommé Caulaincourt, et l'autre d'Amerval, d'arborer chacun une enseigne, et, comme les connaissant mieux que nuls autres, qu'ils eussent â retirer sous eux les meilleurs hommes qu'ils pourraient trouver, et les mieux armés. Ce qu'ils firent bien promptement, et ce même jour ; et me montrèrent tous deux 220 hommes assez bien armés et en bon équipage pour le lieu".

Inutile de redire ici ce qu'il advint de cette milice et de la ville assiégée.

Ensuite et surtout sa participation à la Ligue.

Vingt ans après, Nicolas d'Amerval déploya comme ligueur plus d'activité encore. II se multiplia pour son parti, courut de place en place, négocia, palabra, répandit les nouvelles, et acquit, le surnom historique de "Courrier de la Ligue".

C'est dans son château d'Happlincourt que se tint la première assemblée des ligueurs picards, "après quoi fût signée à Péronne, le 13 février 1557, la Sainte Union".

Veuf en premières noces d'Anne de Gouffier, il convola en deuxième lieu avec la célèbre Gabrielle d'Estrées. C'était un gros morceau pour un petit bossu, quinquagénaire.

C'était même un morceau de roi. Tel fut l'avis d'Henri IV, qui fit annuler ce mariage, le 7 janvier 1593. Nicolas épousa en troisièmes noces, une demoiselle de la Mark.

Il avait un frère, Louis, qui se couvrit de gloire au siège d'Ypres et y fut tué, et une sœur, qui épousa Isaac de Saint-Simon, vicomte de Clastres.

D'autres alliances avec les Longueval, seigneurs de Thenelles, avec les Recourt de Sart-sur-Serre, avec les Lameth-Estourmel, montrent la famille d'Amerval assez bien liée à notre région.

Une baronne d'Amerval, probablement la mère du dernier d'Amerval, eut à souffrir de la Révolution. En mai 1789, le blé manqua ; le prix du sac monta à 44 livres. Comme les fermages se payaient pour une bonne part en froment, les abbayes et les riches propriétaires en détenaient dans leurs greniers d'assez grandes quantités. On les accusa d'accaparement.

LES D'AMERVAL ET LA REVOLUTION

On reparle des d'Amerval pendant la Révolution. La baronne d'Amerval possédait plus de 900 sacs de blé ; le Chapître en avait 1.400. Le maire Néret taxa le sac à 32 livres, alors qu'il restait à 44 livres et sans taxe à Cambrai, Ham, Chauny, La Fère et Soissons ; le peuple le voulait même à 24 livres. Naturellement, les greniers de Saint-Quentin se vidèrent rapidement aux environs, et le blé se fit plus rare. Néanmoins, un certain nombre de propriétaires cédèrent tout leur blé, et le 15 août 1789, le maire les en remerciait publiquement, au premier rang la baronne d'Amerval, ainsi que les Bernardines de Fervaques, l'abbaye d'Isle, les Cordelières et les Dames de la Croix. Le Chapître eut une mauvaise presse, bien qu'ayant distribué aux pauvres un sac par semaine ; mais on savait qu'en fermages annuels il percevait 30.000 setiers de blé.

LE DERNIER DES D'AMERVAL

Le dernier de la lignée fut le baron Anne-Joseph-Louis d'Amerval, qui mourut à Saint-Quentin le 11 mars 1859, à l'âge de 83 ans. Il était né au château d'Happlincourt, de Jean-Louis d'Amerval, baron d'Happlincourt, et de Marie-Anne-Thérèse d'Origny. Marié à Adèle Renée Candide Zoé de Brancas, il divorça sans avoir eu d'enfant, ce qui fit tomber la maison d'Amerval, éteinte du coup.

A Saint-Quentin, il fut chef de bataillon de la garde nationale, et conseiller municipal.

Il avait vendu son château ancestral d'Happlincourt à un M. Fallu, pour se retirer dans nos murs, dans un hôtel du XVIIIe siècle, au 17 de la rue du Palais de Justice, (aujourd'hui rue Victor Basch). où s'élève aujourd'hui la Caisse d'Epargne. C'était une grande maison, en forte saillie sur la chaussée, avec porte cochère sous voûte, cour d'honneur intérieure, et cave remarquable à colonnes de pierre, à présent comblée.

Après lui, son hôtel fut occupé en 1860 par la banque Quentin et Cie (devenue Journel et Cie) et, plus tard par le magasin de couleurs et vernis Poncet-Frique. Après un incendie accidentel, l'on bâtit à sa place la Caisse d'Epargne.

Source : Société Académique de Saint– Quentin - Henri Tausin Notices historiques sur les personnages et les compagnies dont les armoiries figurent sur le monument du siège de 1557 (éditions de 1897 ) collection Mme Séverin

.