ETUDE ECONOMIQUE DE LA PERIODE 1896 / 1914.
Sur le plan national, la période 1896 / 1914 correspond à une période de reprise dans tous les domaines de la production. Certes, cette reprise dans le secteur textile est modeste, mais la mécanisation de l'activité a permis d'améliorer notablement la production en quantité comme en qualité.
Niais dans cette période, l'accélération du processus d'industrialisation n'est plus seulement liée aux industries textiles, elle est aussi liée aux industries métallurgiques, chimiques et électriques.
1. Le secteur textile.
L'industrie lainière a une activité que l'on pourrait qualifier d'activité " en Dent: de scie ". De 1896 à 1905, l'industrie reste dans une situation de grande gène
Le Temps de travail est réduit, la semaine de travail s'étale sur quatre jours (1897), un tiers des machines est arrêté ( 1898 ), et la production baisse de 50 % ( 1900 ).
La filature dépend pour les prix de vente de ses filés de la fluctuation des cours du brut
Les années 1906 et 1907, sont celles d'une forte reprise dans le secteur lainier,
La reprise comprenant une augmentation des prix, qui entraîne l'embauche de main
Les machines fonctionnent à 93 % en 1906 et 84 % en 1907.
Dés 1908, le ralentissement est général, les bonnes années 1906 et 1907 ont, provoqué en 1908 une crise de surproduction, les sociétés stoppent 33 % des -machines puis 50 %.
La crise est de courte durée, de 1909 à 1914, le secteur est en activité et trouve des débouchés pour ses produits ( en partie au Japon).
L’ étude du compte d'escompte de la société Taine, Ricaux, Guillot et Cie ( 17 rue Saint Fiacre) à la succursale de la Banque de France, montre bien un regain d'activité à partir de 1909. Cette société a pris la suite de la société Testart en 1900.
-On retrouve quasiment, la même évolution dans le secteur cotonnier que dans le secteur lainier pendant la période 1870 / 1896, avec un léger décalage dans le temps au profit de l'industrie cotonnière.
De 1896 à 1904, le secteur de la filature fluctue au gré des cours du brut, dont le prix est en augmentation durant la période. Ce qui ralentit les commandes, par conséquent l’approvisionnement et l'activité ( en 1898, réduction du temps de travail ; idem en 1901, en 1903, pratique du " short time ").
Le tissage est, lui aussi, touché par ce ralentissement de l'activité, engendré par augmentation du prix du coton brut. Dans ce secteur, le retour à une situation saine passe par l'écoulement des stocks (1897 et 1902 ), par une réduction du temps de travail ( 1898, 1901 et 1903), et par l’arrêt de machines ( 1898).
La reprise, se dessine en 1905, elle est lente, mais le stock accumulé pendant la
Période de crise s'écoule bien, à tel point que l'année 1907 est considérée comme exceptionnelle.
Les commandes affluent et les entrepreneurs saint-quentinois ne savent pas s'ils vont devoir satisfaire toutes les demandes.
L’industrie tourne à plein régime jusqu'en 1909, malheureusement, dans le même temps les demandes se sont faites plus rares et un stock s'est accumulé.
En conséquence de cette crise de surproduction, la période 1910 à 1914, est une période de ralentissement de la production, qui pousse au licenciement dans certaines entreprises.
Le secteur concentre les plus gros efforts en matière d'investissement technique. La capacité de puissance des machines à vapeur et le nombre de métiers à tisser à considérablement augmenté
Hugues Fils et Cie = 460 CV vapeur pour 260 métiers.
Touron = 405 CV.
Basquin Bertaux = 300 CV pour 460 métiers.
Boudoux = 250 CV pour 597 métiers pour une production annuelle de 120 000 pièces.
Decaudin Béguin = 160 CV.
Léon Frères = 170 CV pour 400 métiers.
Les entreprises de broderies, tulles et guipures ont, quant à elles, bénéficié d'une bonne fin de XIXéme siècle.
Les produits ans de la place de Saint-Quentin s'écoulent sans aucune difficulté, mais le problème est le même que dans le reste du secteur textile. Les entreprises ne semblent pas se rendre compte du ralentissement de la demande ( 1908) et continuent à produire en masse.
Cette situation engendre une crise de surproduction, dont les stocks doivent être vendus à perte pour éviter une trop importante immobilisation de capital.
Le secteur est porteur, puisque l'activité reprend en 1910.
Le nombre d'entreprises est passé de 40 en 1884 à plus de 60 en 1914 (12 ateliers en 1872).Le secteur est constitué de petites comme de grosses unités
La société Cliff produit 90 000 mètres de dentelles par jour et emploie plus de 1 000 personnes.
La société Alfred Magnier emploie 1 180 personnes.
La société Sidoux et Cie possède 22 métiers, mus par une machine de 35 CV et emploie 200 personnes dans un site de 11 000 ml.
La société Vve Julien Daltroff et Cie emploie 700 ouvriers sur un site de 12 000 m2.
La société Bernheim Frères utilise une machine à vapeur de 150 CV pour entraîner ses métiers et emploie 1 000 ouvriers.
La société Sébastien travaille 600 tonnes de coton par an par l'intermédiaire de ses 40 métiers, mus par une machine à vapeur de 70 CV, le tout fournissant du travail pour 700 ouvriers.
2. Métallurgie et construction mécanique.
Dans ce secteur, ce sont les variations du prix du charbon qui influent en grande partie sur l'activité.
A partir de 1896, la reprise est excellente, les produits sont fortement demandés, les prix sont rémunérateurs, l'extraction 'Minière tourne à plein régime.
Le ralentissement provoqué par l'essoufflement de la demande en 1900, engendre une crise européenne en 1901, avec une baisse des cours des produits métallurgiques. Cette crise dans l'industrie métallurgique se répercute sur l'extraction du charbon, la même année et provoque une crise dans ce secteur.
En 1902, le schéma est inverse. Alors que l'industrie métallurgique voit son activité redémarrer, le secteur minier est en grève et profite de ce moment pour écouler ses e stocks au prix fort, ce qui a pour conséquence de stopper net la reprise de la métallurgie.
Ensuite, de 1903 à 1912, le secteur de la métallurgie est très prospère. En comparant toujours avec le secteur de l'extraction du charbon, on s'aperçoit que celui-ci aussi est dans une période très favorable, avec de bonnes ventes et sans stocks. En 1914, l'extraction minière est en recul ce qui tempère le marché de la métallurgie.
Les sociétés de construction mécanique se sont spécialisées
La société Henry Mariolle s'est spécialisée dans la construction de matériel de sucreries, de cimenteries ; après l'épisode malheureux de la société générale d'éclairage et de force motrice, pour laquelle la société Mariolle-Pinguet a fourni beaucoup de matériel, pour la construction du tramway à Saint-Quentin et d'autres villes ; société qui a fait faillite en 1896, llaissant la société MariollePinguet et Fils avec 1 600 000 francs de créances à réduire.
-La SA de construction mécanique s'est spécialisée dans le modelage, la fonderie et la chaudronnerie.
Les établissements Quint se spécialisent dans l'industrie du chauffage central.
La société Schmidt et Cie fondée en 1901, est spécialisée dans la construction de métiers à broder, pour réduire la dépendance par rapport à la Suisse.
3. Autres industries
Nous avons très peu d'éléments sur ce secteur pour la période 1896 / 1914, notre étude ne peut se baser que sur les dernières années, à partir de 1910.
La distillerie se trouve dans une phase positive, les commandes affluent, grâce au renouvellement de matériel, la production est importante ( 1910 ).
La campagne agricole a été excellente ce qui laisse présager que l'industrie de la distillerie aura d'importantes quantités de mélasse à travailler (1911).
Cette grande activité dans la distillerie va entraîner un regain d'activité dans la chimie par le retraitement des déchets de la distillerie.'
Le secteur est techniquement très bien équipé. Outre le puissant moteur de 250 CV de la distillerie Décles et Cie, on retrouve dans la minoterie, au moulin de Saint-Martin (6,8 et 10 Bd Victor Hugo), un moteur de 110 CV, et au moulin Millot ( 82 Bd Victor Hugo), un moteur de 80 CV.
Pour le reste, la puissance des moteurs passe à 60 CV pour la Brasserie Coopérative (rue Quentin Barré), 50 CV pour la fabrique de caoutchouc Boinet et Cie ( 111 rue de Guise), et de 30 à 10 CV pour l'industrie de la brasserie qui compte prés de 12 unités de production.