2. LES INFRASTRUCTURES DE LA VILLE

Dans la période précédant notre étude, la phase d'implantation des industries s'était effectuée dans la zone occidentale du noyau urbain. On ne distinguait alors pas de spécialisation par quartier: tous les types de production y étaient installés.

Après 1870, accompagnant le processus de péri urbanisation, les entreprises se sont déplacées dans les nouveaux quartiers à fort potentiel de main d'oeuvre, allant parfois même jusqu'à se spécialiser dans une production sur un site.

Ainsi, par l'étude de la carte de 1895, on peut voir que le Faubourg d'Isle se distingue par son industrie lainière, et que le quartier de Remicourt est un site privilégié pour l'implantation des entreprises de guipures et tulles.

Comme la ville est la plus peuplée du département, elle regroupe un ensemble d'infrastructures d'ordre judiciaires, économiques et financières, commerciales, éducatives, de santé et de transports.

Les fonctions de justice sont assurées par le tribunal civil, les litiges commerciaux eux:, sont du ressort du tribunal de commerce.

L'activité économique est encadrée par la chambre départementale de commerce (créée le 11/3/1850) qui siège à Saint-Quentin, dont l'un des fleurons reste le marché au sucre qui fixe les cours au niveau national pour cette denrée.

Sa société industrielle (fondée en 1869) regroupe l'ensemble des entrepreneurs saint-quentinois, dans le but de favoriser la diffusion de la production locale au niveau national et international, mais aussi dans un esprit philanthropique afin de promouvoir la formation professionnelle auprès du plus grand nombre.

L'activité textile regroupe de nombreuses entreprises qui font de la production saint-quentinoise un pôle de diversité et de qualité de la production. Outre les entreprises de peignage, filature et tissage de la laine et du coton ( aux alentours de 20 établissements durant la période étudiée ), on rencontre les broderies ( environ 50), les fabriques de tulles et guipures (moins de 10), puis, pour le traitement de ces tissus, à peu prés 10 blanchisseries et 20 teintureries.

L'industrie métallurgique et mécanique est elle aussi bien représentée par ses fonderies (de 15 en 1869 à 10 en 1914), la chaudronnerie et les ateliers de constructions mécaniques ( de 7 en 1869 à 24 en 1914) ; le bâtiment est un autre secteur actif avec plus d'une dizaine de briqueteries, usines à plâtre, usines à chaux et à chaux hydraulique, serrureries et scieries, les entreprises de construction, au nombre de 16 en 1869 sont en 1914 de 26.

Dernier des fleurons de l'industrie Saint-Quentinoise, les entreprises de traitement des matières premières au premier rang desquelles on trouve la distillerie, les brasseries ( de 12 à 15 entre 1869 et 1914), les huileries et minoteries, et dans un secteur agroalimentaire l'usine à gaz, les caoutchouteries, les savonneries, les fabriques de noir animal.

Les fonctions commerciales de la ville sont dynamiques, outre le marché au sucre, la halle au grain et le marché aux chevaux font de la ville une place d'échanges, les citadins peuvent aisément s'approvisionner sur les marchés (dont les Halles construites en 1893), ou chez de nombreux commerçants

 

1869

1888

1904

1914

Bouchers

22

32

46

45

Boulangers

30

40

41

39

Charcutiers

24

26

41

45

Epiciers

219

206

272

283

Débitants de

boissons

105

394

456

422

 

Poumon de cette activité économique et de ces échanges commerciaux, les banques et la succursale de la Banque de France développent un réseau financier qui comptera 11 établissements en 1914.

 

La ville prône une politique éducative et culturelle volontariste, elle possède un lycée, un collège pour jeune fille qui deviendra lycée avant 1914, des instituts privés, des écoles professionnelles ; l'instruction primaire qui compte 7 écoles en 1869 et 5 asiles communaux voit sa capacité doubler en 45 ans. Le théâtre, le cirque, le musée, les ? bibliothèques, font de la ville une cité culturelle.

 

Pour finir, les infrastructures de soins et de secours se développent en échos à l'évolution démographique de la ville, la communauté médicale passe de 15 médecins, 3 dentistes et 8 sages femmes en 1869 à 21 médecins, 15 spécialistes, 7dentistes et 18 sages femmes en 1914, l'Hôtel-Dieu, quant à lui doit progressivement délocaliser ses services d'asile pour orphelins et personnes âgées, pour pouvoir répondre à l'augmentation du nombre d'entrées.