LE HUIT OCTOBRE 1870
La nouvelle du désastre de Sedan a été répandue très vite dans St-Quentin. Quelques soldats de l’armée de Mac-Mahon campaient dans Harly le 2 septembre 1870. L’ennemi n’était pas loin.
Les conseils municipaux étaient dissous par le gouvernement. Le Maire, M. Huel-Jacquemin, remit ses pouvoirs à une commission constituée par le Préfet qui était Anatole de la Forge (rédacteur du journal "Le Siècle". Celui-ci était à St-Quentin car les Allemands occupaient Laon. Il sera l’âme de la défense de notre ville.
Huit cent prussiens quittent Laon le 7 octobre en direction de St-Quentin. On distribue des cartouches à l’armée et aux volontaires qui se présentent à l’Hôtel de Ville. Des barricades sont élevées sur la Somme et sur le canal ainsi qu’à Rouvroy et à d’autres points. On attend patiemment. L’armée prussienne est à Ribemont. Soudain, la cloche du beffroi appelle aux armes. La fusillade éclate sur le Pont d’Isle; elle arrête les prussiens qui se répandent vers la gare. Ils se replient avec un otage. Le soir même, 10 000 soldats français arrivent de Cambrai, Amiens, Laon.
St-Quentin est la première ville ouverte qui résiste à l’ennemi. Le 21 octobre, la cloche résonne de nouveau et signale une évolution importante de cavalerie et de canons. Les obus éclatent de partout et la commission municipale, jugeant une inégalité de chance, hisse le drapeau blanc. La ville est obligée de donner un butin de 900 000 F, des chevaux, et 17 otages. L’ennemi se retira le dimanche. La ville ne fut ni française, ni allemande.
LE 19 JANVIER 1871
L’ennemi est occupé au siège de La Fère. Quelques dragons parcourent la ville et narguent les habitants. La Fère tombe le 26 novembre. Ensuite 2 500 allemands, venant de Ham, rentrent dans la ville. Des obus éclatent et tuent quelques personnes. La troupe traverse la ville. Celle-ci résiste en enlevant des rails. En punition, on doit livrer des otages qui sortent de la ville, alors qu’un général français de l’Armée du Nord, accompagné d’un détachement, entre dans la ville. Grand, maigre, les lunettes sur le nez, c’est le général Faidherbe qui deviendra célèbre. Quelques coups de feu éclatent et les allemands s’échappent vers Amiens. On est le 12 décembre.
D’autres allemands arrivent dans la ville et les impositions tombent sur ses habitants. Des combats ont lieu sur Bellicourt. Le général Faidherbe revient le 18 janvier, avec une partie de l’Armée du Nord, rejoint par d’autres brigades. Les combats éclatent sur Roupy, Vermand, Caulaincourt, Gauchy, Grugies. On se bat aussi autour de la ville à Rocourt, Fayet. Toutefois, il fallut céder devant des troupes plus importantes et, malgré des renforts français, on vit donc entrer dans la ville les colonnes prussiennes.
Le bombardement de la ville avait duré plus d’une heure. Une partie de l’armée s’installe dans la ville. Les prisonniers grelottaient dans la basilique. Et les canons, sur les hauteurs du Moulin de Tout Vent (Gauchy), étaient braqués sur la ville. L’armée du Nord laissa des blessés qui furent soignés dans la ville (2 300 blessés). Nous avions perdu 3 000 hommes et laissé 6 000 prisonniers à l’ennemi. Un armistice de paix fut signé le 28 janvier, après la capitulation de Paris.
Des missions cantonales furent nommées pour fixer les pertes subies et permettre d’attribuer quelques secours. Le chiffre des pertes subies par St-Quentin était très élevé, étant donné les contributions de guerre, les impôts, les réquisitions, les incendies et les pillages.
La fin de ces épreuves prouvait, une fois de plus, que les habitants de 1870 et 1871 pouvaient être fiers, comme les citoyens de 1557, d’avoir offert une résistance héroïque.