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Le lundi 14 d'octobre 1669, jour de Saint-Calixte, sur les douze heures et demi, notre église royale de Saint-Quentin fut malheureusement brûlé pour la 3 ème fois par la négligence des ardoisiers qui avaient travaillé sans délai depuis l'espace de 4 à 5 mois. Ils ne leur restaient plus à achever leur travail qu'environ un jour tant pour plomber qu'à travailler en ardoise.

 

Il n'y a eu que les basses voûtes des haines d’autant du chœur de la nef et toutes les chapelles qui ont été conservées par la grâce de Dieu et l’aide de tous les corps de cette ville.

 

Le feu qui avait commencé à prendre au-dessus de la grande croisée du côté du cloître se porta rapidement, sous l'influence du vent, vers le petit clocher qu'il embrasa entièrement, puis gagna la charpente du chœur et celles de la nef et du gros clocher se trouvant dans la tour Saint-Michel.

 

Les 7 grosses cloches tombèrent sur la voûte de Saint-Michel, sans la percer pourtant ; toute la chapelle brûlant avec une telle violence ne donna aucun moyen d'y aborder. Les cloches furent toutes fondues et tombèrent sur les voûtes mais le feu pénétra au-dessus de la muraille qui séparait le jeu d'orgues (en solive au-dessus du grand portail en dedans de l'église) avec le gros clocher, attrapa aussi la porte pour aller aux dites orgues, ce qui fut cause que la flamme échauffant le buffet, à l'instant il prit feu.

Et tous les tuyaux, fondants en dedans de celui ci, embrasèrent toute la charpenterie et poutres en salie qui, par après, tombèrent devant le grand portail proche les fonds baptismaux, faisant grand feu au bas du pavé de l'église sans que les fonds fussent endommagés. Les dits orgues étaient d'une menuiserie fort bien travaillée.

 

Il y avait deux huis pour fermer le buffet : à l'un d'eux était représenté d'un côté et d'autre l’histoire de Goliath et celle de l'invention des sons des cloches ; à l'autre huis, d'un coté était représenté la sortie des enfants d’Israël, d'Egypte ; à l'autre coté était représentée sainte Cécile touchant l'orgue.

 

Durant que ce feu parcourait ainsi de coté et d'autre on ne voyait à tous les carrefours de la ville que gémissement, pleurs et lamentations.

 

Les plus hardis zélés de dévotion envers notre grand martyr saint Quentin entrèrent dans le chœur courageusement et, à force, emportèrent à l’hôtel de Ville les châsses de saint Quentin, de saint Victorice, le chef et bras tout nouvellement enchâssé par la dévotion de M. le président Caignart au grenier au sel et ancien mayeur de cette ville, comme aussi la vraie Croix et plusieurs autres reliquaires.

 

D'autres emportèrent chez M. le major de cette ville les châsses de saint Cassien, saint Eutrope, etc., des reliques de notre pauvre église.

 

Le mercredi 16 octobre, le Chapitre décida que l’on irait recueillir les reliquaires dans les lieux où on avait déposé pour les mettre sûreté, et qu'on les réunirait à l’hôtel de Ville d’où on les porterait dans l'église collégiale.

Tout le clergé alla chercher Ces pieux trésors et retourna processionnellement a l'église, en passant par le milieu du marché, par la rue de l’orfèvrerie (rue des toiles), la rue des Halles aux Poids (rue de la tour) et la place du portail Amoureux (place des enfants de chœur).

 

Après que tous les reliquaires furent posés et remis sur des tables dans le vestiaire j’ai entonné l'hymne de Saint-quentin Egrenie qui se poursuivit par toute la musique... telle qu'elle était, d’autant que trois de nos meilleurs chantres voyant tout ce désordre, l’un jouait du serpent, l’autre du dromonore, (lire cromorne instrument à vent dont l’usage commençait à être abandonné ) l’autre chantait la tail, s’en allèrent la veille de cette procession chercher fortune à Laon, etc...

 

 

Il était nécessaire d'envoyer au Roi pour l'avertir de ce malheur, le mardi 22 d'octobre 1669, Messieurs étant assemblés extraordinairement à l'issue de la grande messe dans la chapelle de Saint-Furcie ou de Neuf Coups. , prièrent M. Dorigny, nôtre escholastre (i), et M. Bouzier, chanoine, officiacial et docteur de Sorbonne, de l'accompagner.

Voilà ce qui s'est passé jusqu'à ce jour touchant cet incendie...

 

L'ardoisier prisonnier eut la liberté, à sa caution juraratoire, n'ayant peu trouver de quoi convaincre ,comment ce feu est arrivé...

 

 

Source:  / Journal de Charles de Croix chanoine de la Collégiale de Saint Quentin  (03 2 1645-  03 10 1685) / Mr Cardon -Mémoire de la Société académique de Saint Quentin  années 1897 a 1898

 

 

 

 

 

(1)La seigneurie de Vadencourt, prés de Guise, ayait été acquise en 1665 par Louis d' Abancourt,lieutenant du Roi.

 

 

 

 

 

 

 

 





(1)La seigneurie de Vadencourt, prés de  Guise, ayait été acquise en 1665 par Louis d' Abancourt,lieutenant du Roi.