LA JUSTICE
LA JUSTICE DE L'EGLISE
En matière temporelle, les membres de l'Officialité (ou tribunal ecclésiastique) étaient le doyen et les chanoines, ou simplement les grands vicaires et officiels, qui sont désignés par le chapitre. Celui-ci se réservait les affaires importantes.
L'official, avait plusieurs autres officiers, un promoteur, un scelleur, un greffier, un procureur, un notaire, un tabellion et un rapporteur. Tous les arrêts étaient marqués du sceau de l'officialité qui portait cette inscription : Sigillum curi sancti catini.
Le lieu des séances était pour les habitants de la juridiction ecclésiastique l'officialité et pour les mayeur, jurés et bourgeois de le ville le cloître de Saint Quentin. Pour les mayeurs, jurés, échevins, c'est le curé qui les jugeait et le chapitre fixait l'amende.
L'Eglise conserva ces prérogatives presque épiscopales jusqu'en 1703.
Au trois justices de la commune, du Comte, et du chapitre de Saint Quentin, s'ajoutaient les juridictions abbatiales et seigneuriales (duché de Saint-Simon, Abbaye de Saint-Prix, baronnies de Roupy, d'Estrées, Abbaye de Vermand). C'est à dire que les juridictions exceptionnelles avaient donc tous leurs baillis, procureurs, sergents greffiers .C’est dire l'importance de la justice, à cette époque
LA JUSTICE DE LA COMMUNE
La ville de Saint Quentin acquit de ses seigneurs le droit de haute, moyenne et basse justice, en obtenant des Comtes le droit de commune à exercer par le magistrat qu'elle se choisirait.
La haute justice comprenait le rapt, le meurtre, les larcins, les incendies, les crimes, les délits, les procès importants susceptibles de duels judiciaires. Notons que le duel judiciaire était devenu aux XIe et XIIe siècles un mode de preuve normal. Dès le XIe siècle, la pratique s'étendit de remplacer les parties par des champions à gages (la place des Campions à Saint Quentin) qui offraient aux foules des spectacles étonnants.
La moyenne justice est le droit des magistrats municipaux de connaître et défendre les intérêts civils des bourgeois.
La basse justice, est en fait la police de la ville.
La juridiction du mayeur s'exerçait dans la ville et dans la banlieue. Pour exécuter ses décisions, ils avaient sous la main la police bourgeoise, arrêter les rixes, maintenir l'ordre, un quartenier par quartier (St Jacques, Ste Pécinne, St André, Ste Marguerite).
Le quartenier visitait les cabarets, les hôtelleries la veille de l'ouverture de la foire de St Denis. Il jouissait d'un logement et pouvait faire rentrer quatre pièces de vin exemptes de droits (Gomart – études Saint Quentinoises – p142).
L'enceinte de la juridiction de l'Eglise était marquée par des bornes en grès. Ces bornes en grès étaient placées sur le terrain à la limite des juridictions. Ces bornes taillées grossièrement tantôt portaient une lettre, ou des armes de l'abbaye, ou le saint patron de la communauté religieuse. On excommuniait donc les malfaiteurs et les usurpateurs. La juridiction de l'Eglise tenta d'empiéter sur les juridictions voisines et les conflits furent très nombreux (empiétements, délimitations). L'official essaya de garder les prérogatives de cette juridiction jusqu'en 1703.
Source : Mémoires de la Société Académique de Saint- Quentin