La guipure

L'industrie de la guipure s'implante à la fin du siècle vers 1881. Elle connaît bientôt un grand succès. Les rideaux sortent des ateliers par quantités impressionnantes.

La Société Industrielle est reconnue d'utilité publique en 1876. En 1878, elle reçoit une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris. En 1884, elle acquiert, grâce aux libéralités de certains donateurs, tel Monsieur Lécuyer, un immeuble où elle fonde une Ecole Professionnelle pour le fer et le bois. En 1889, elle reçoit une nouvelle récompense à l'Exposition de Paris.

La Bourse du Travail date de 1891.

Les oeuvres sociales comme la Caisse de Prévoyance se développent.

D'autres industriels choisissent Saint-Quentin pour y construire leurs usines : Graf et Tobler de Paris ont en 1892 une succursale de broderie rue P. Ramus ; en 1906, ils y ajoutent un bâtiment moderne rue de Lunéville.

A partir de 1903, une Ecole de tissage reçoit les jeunes gens de 12 ans pour une formation professionnelle de 2 ans.

En 1910, la Société "Manufacture de tresses et tissus" fonde une usine à Saint-Quentin et concurrence les industries similaires d'Allemagne. Une retorderie de coton se monte l'année qui précède la guerre.

De 1914 à 1918, le sort de la ville est compromis et son industrie anéantie. Le centre de broderies que représente Saint-Quentin est rayé de la carte du textile : l'occupation, l'évacuation, la destruction systématique du matériel par l'ennemi, les réquisitions de documents, de matières premières, ruinent à cent pour cent les divers et nombreux ateliers de la cité (les Allemands veulent être vainqueurs de la lutte économique d'après-guerre). Citons comme exemple le sort de la filature et retorderie Touron, située au cœur de la ville et qui subit en mars 1917 un bombardement suivi d'un incendie, pour être finalement achevé à la mine.

Les locaux de la Société Industrielle sont occupés et ruinés de tout matériel.

La Manufacture de tresses devient le quartier général de la gendarmerie allemande qui envoie toutes les machines outre-Rhin puis démolit les bâtiments.

Après la cessation des hostilités, le spectacle qu'offre ce champ de ruines n'est pas encourageant ; il ne reste rien que des ferrailles tordues ou soudées les unes aux autres, des pans de mur qui menacent à chaque instant de s'abattre sur les amoncellements de briques et de poutres enchevêtrées.

L'aide de l’État est dérisoire, nettement inférieure aux besoins de la ville sinistrée ; Cependant, la reconstruction commence, la reconstruction du centre textile s'élabore. Pour que la main-d’œuvre revienne, on édifie des cités ouvrières - souvent trop hâtivement - et les maisons ne sont pas toujours dignes de ce nom.

En 1919, la Société Industrielle dispense des cours de lingerie.

Aux établissements David et Maigret, un métier à bras reprend son activité en mai 1919. Le premier métier mécanique fonctionne en juin 1920. Cette année-là, les cours de tissage reprennent, puis les cours de broderie.

La Cotonnière de Saint-Quentin naît entre-temps de l'union de plusieurs industriels. D'ailleurs les sociétés se font de plus en plus nombreuses.