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Le canal Crozat ancêtre du canal de Saint-Quentin

 

Par la plupart des Saint-Ouentinois, le nom de Crozat est celui d'une petite rue qui rejoint le vieux port au boulevard Victor-Hugo.

Mais bien peu savent que cette voie a été ainsi nommé en mémoire de celui qui fut à l'origine du canal qui dessert note ville.

Après l'échec du Canal de Provence, Crozat fut placé en 1724 à la tête de la compagnie créée par le sieur Gagnard de Marcy, doyen des conseillers du bailliage de Saint-Quentin, en vue d'ouvrir le canal de Picardie.

Mais les fonds ne vinrent pas et, peu de temps après, le Sieur de Marcy se; désista et Crozat obtint en son nom et en celui de ses héritiers, par des lettres patentes du Roi datées du 4 juin .1732 et enregistrées au Parlement le 30 janvier 1753, la concession perpétuelle du canal.

 

Celui-ci devait réunir Saint-Quentïn sur la Somme; à Chauny sur l’Oise et devait passer par Pont (aujourd'hui Tu gny-et-Pont) et Fargniers , avec un embranchement sur La Fère.

Seule fut achevée la partie comprise entre Saint-Quentin et Pont. Mais ce tronçon de voie mis en service en 1738 ne rapporta même pas de quoi payer les frais d'entretien et l’entreprise avorta.

Les héritiers Crozat eurent là bonne fortune de compter parmi eux la Duchesse de Choiseul dont l'époux était ministre de Louis XV et avait su se concilier les bonnes grâces de son souverain

Par un édit du 17 avril 1767,le canal de Picardie fut donc rattaché aux biens de la couronne et les héritiers de Crozat reçurent' une indemnité égale aux sommes avancées par le sieur Crozat, soit environ 3 000 000 livres et un  "  pot de vin " fixé à la somme de 468 200 livres.

Le Duc de Choiseul menait alors très grand train et s’était établi dans une riche demeure située à Paris, à l’ouest du quartier du Sentier.

Le canal de Crozat est donc le tronçon du canal de Saint-Quentin, long de 13 km qui va du vieux port de Saint-Quentin à la région de Saint-Simon: il est établi dans la vallée marécageuse de la Somme. C'est la partie la plus ancienne du canal de Saint-Quentin ; c'est aussi celle qui donna les plus graves préoccupations.

 

Le canal da l'Escaut à l'Oise .

S'il n'avait pas traversé la ville de Saint-Quentin, qui constituait par son importance historique. et géographique, un point de passage obligé, le canal dont nous voulons vous parler se serait appelé le canal de l’ Escaut à l’Oise.

Son origine est en effet située à Cambrai, où s'achève la canalisation du Haut- Escaut, elle même reliée au réseau des voies navigables naturelles ou artificielles du Nord et du Pas-de Calais. Son extrémité est par ailleurs située à Chauny où prennent naissance deux voies importantes, le canal latéral à l’ Oise qui aboutit lui-même à Janville dans la canalisation de (Oise, et le canal de (Oise à (Aisne qui se dirige vers l'est.

Mais le canal de Saint-Quentin n'assure pas seulement, la jonction entre les hautes vallées de l‘escaut et de l’oise

Une branche s’en détache à Pont Tugny (Aisne) qui constitue l’origine du canal latéral à la Somme et vers la mer et vers la mer; une autre branche s'en détache à  Fargniers, qui forme l’amorce du canal de la Sambre à l’Oise.

Bien qu'il ait été construit par petits tronçons, le canal de Saint-Quentin a été si souvent remanié que ses ouvrages, pour vétustes qu'ils sont, présentent une grande homogénéité : C'est une voie à petite section, livrant passage aux péniches flamandes de 310 tonnes chargées à l'enfoncement de 2,00 m, qui présente un développement de 93 km et comporte un tracé généralement sinueux le long duquel se trouvent établies des industries assez anciennes et de nombreuses agglomérations. C'est naturellement un canal à bief de partage, qui traverse des terrains crétacés et perméables et dont les versants comportent des biefs de longueur très variable et généralement courts.

C'est aussi un canal dont l’alimentation en eau a toujours gréé de sérieuses difficultés aux ingénieurs chargés de l'exploiter.

Très endommagé au cours de la première guerre mondiale 1914-1918, le canal de Saint-Quentin a été rapidement remis en service en 1919 et a reçu ensuite de nombreuses améliorations, qui ont permis d accroître notablement la capacité de cette voie, et, parallèlement, d'en rendre l'utilisation moins pénible pour les mariniers..

Le parc de la batellerie était d 'ailleurs très réduit. La reprise du trafic fut assez progressive. il fallut attendre 1949 avant que le chiffré de 5 millions de tonnes de nouveau dépassé .

 

Voyons les diverses améliorations

- Aménagement du bief de partage qui, avec son développement de 20 km comporte deux souterrains de 5 670 m et 1098 et 1098 m de longueur et qui ne permet le passage que d une seule voie de bateaux.

Les souterrains ont été approfondis et les garages allongés et multipliés. de telle manière que les rames. de bateaux, tirées par des loueurs électriques, puissent âtre exploitées en deux, trois ou quatre sections; en fait, l’expérience a montré que l’exploitation en deux sections était la plus aisée, bien qu'elle implique l'obligation de naviguer de nuit

- installation du halage électrique, qui a permis de supprimer radicalement la traction animale et de porter à 3.km heure la vitesse commerciale sur te canal. Dans les sections les plus chargées, et en particulier au franchissement de toutes les écluses, le halage électrique a été installé sur les deux rives du canal, L'exploitation, assurée par la C.G.T.V.N. a été conduite d'une manière intensive, suivant le mode dit de traction discontinue, en spécialisant les tracteurs de biefs et les tracteurs d'écluses.

- Electrification de ta manœuvre des portes et des vantelles des écluses à double sens, qui a permis d'accélérer les opérations de sassement et d'améliorer' le régime de travail des éclusiers.

- Augmentation du mouillage sur les buses: des., écluses et dans les biefs; le mouillage minimum est actuellement de 2,33.m, ce qui autorise la circulation des' bateaux chargés à enfoncement de 2 mètres

- Rectification canal dans les courbes les plus, dangereuses, notamment à Seraucourt et Pont-Tugny.

- Accroissement du débit de la rigole alimentaire qui conduit les eaux de la rivière d'Oise et de son affluent le Noirieu dans le bief de partage.

Malgré l’exécution de ces travaux, dont nous ne citons que les plus essentiels, le canal de Saint-Quentin présentait en 1938 des signes de saturation. Sur le versant nord, comme sur le versant sud, on y voyait des amas considérables de bateaux. pendant de nombreux mois de l'année; seul, la bief de partage se révélait capable d'écouler normalement le trac. En somme, les amélioration apportées depuis 1919 n'avaient pas dans l’ensemble accru la capacité du canal, qui restait plafonnée à 6 589 000 , chiffre voisin de celui de 6 422 252 T réalisé en 1913. Ces améliorations avaient seulement permis d'humaniser les conditions de travail des mariniers, la durée journalière de la navigation ayant été ramenée de 15 à 12 heures.

Après la seconde guerre mondiale de 1939-1945, le canal de Saint-Quentin fut retrouvé à peu prés intact.

 

Antoine CROZAT a financé la construction du canal de Saint-Quentin

 

Crozat. On ne peut être. Saint-Quentinois sans avoir ce nom-là en mémoire. La rue Crozat l'impasse Crozat, vous Connaissez ? Et la digue Crozat, à Oëstres ? !e nom ANTOINE Crozat est lié au canal de Saint-Quentin de façon indissociable.

Pourtant notre personnage est originaire de Toulouse. . C'est là, qu'il naquit un beau jour de l'année 1655. son père Antoine Crozat, n'était autre que le capitoul de Toulouse, personnage important et très influent;.

Antoine Crozat (fils) se fit plus tard connaître sous le nom de Marquis de Moy et du Châtel, titres de noblesse qu'il acquit par achat féodal.

Sa carrière fut entièrement liée au monde de la finance. D'abord receveur général du Clergé, puis intendant du duc de Vendôme, et trésorier des Etats du Languedoc, il accumula une immense fortune, grâce au trafic maritime, et obtint en 1712 !e privilège du commerce de la Louisiane, qu'il céda, su bout dé cinq ans de vains efforts, au financier écossais John Law.

ll n'en resta pas là, puisque de 1715 à. 1724, il exerça les fonctions de trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit.

Voici maintenant pourquoi Antoine Crozat a vu fleurir son nom sur plusieurs murs de notre ville

Grâce à la fortune énorme, dont il disposait il fit creuser à ses frais le canal de Picardie, encore appelé canal de Saint-Quentin, ou Crozat depuis Chauny jusqu’à l'Oise, jusqu'à Saint-Simon (sur la Somme)

Chacun s'accorde aujourd'hui, à reconnaître aujourd’hui que cet argent fût utilement placé, et s'attachera à rendre hommage au généreux donateur.

Cette pléthore d'activités laissa tout de même le temps à Antoine Crozat de donner à son épouse quatre fils, dont trois., se firent un nom dans le monde des collectionneurs d’œuvres d'art ainsi qu’une fille Marie-Anne, qui fut un des plia brillants esprits du 18 ème siècle et qui devait épouser en 1707 Henry-Louis de la Tour d'Auvergne, comte d'Evreux et colonel général de la cavalerie légère.

Quand à notre personnage Antoine Crozat ,il mourut à Paris le 7 juin 1738 après avoir rendu célèbre le nom de famille

 

Source : Paul Moniot Article Aisne Nouvelle