Les codes de la couleur
Les pensées et les croyances des
hommes du Moyen Age sont bien loin des nôtres et leur façon d'appréhender et
d'utiliser les couleurs peut surprendre.
- Le bleu par exemple, était alors considéré comme une couleur chaude. L'Eglise
a ainsi consigné les couleurs liturgiques au Concile de Nicée en 325.
- Le violet est défini comme la couleur de la prière (confirmation en 1215, au
Concile de Latran IV).
- Le vert symbolise déjà la fertilité de la terre, la vie nouvelle et l'état
de grâce.
- Le blanc, le baptême.
- Le rouge pourpre de l'Eglise byzantine désigne la passion du Christ et le
supplice des martyrs. Il exprime également le feu et la foi. Lorsque se développe
la dévotion envers Marie, celle-ci est ainsi habillée de bleu ciel et de
rouge, parce qu'elle est reine du ciel et mère de Dieu.
Pourquoi la couleur ?
L'imaginaire des couleurs traduit
sans aucun doute une symbolique. L'iconographie religieuse retient les nouvelles
règles des couleurs. Le bleu devient l'attribut de la vierge au moment où la dévotion
envers Marie se généralise. L'essor du bleu n'a pas été sans susciter de
fortes réactions de la part des teinturiers du rouge et des marchands de
garance : la concurrence fut si forte qu'en commandant des vitraux ils insistèrent
parfois auprès des maîtres-verriers pour qu'ils destinent le bleu au diable ou
à l'enfer (signe de discrédit, mais pour nous, haut témoignage de la
symbolique des couleurs au Moyen Age. Les gens du Moyen Age ont le goût des
matières brillantes et des teintes éclatantes. Ils vénèrent la couleur, s'y
réchauffent, s'y rassurent.
La question de la couleur s'associe à la théologie de la lumière qui s'épanouit
parallèlement à la lente domestication de la lumière. Elle est donc divine.
L'impact est d'autant plus grand que la lumière des lampes à huile est encore
rare au Moyen Age et que le monde de la nuit est peuplé d'ombres menaçantes,
de dangers, voire de créatures démoniaques. Face à ces peurs ancestrales et légitimes,
mêlées de superstitions tenaces, les hommes se mettent en quête de la sécurité
lumineuse et les architectes tentent alors de l'inscrire dans la pierre.
extrait du site consacré a la Cathédrale d'Amiens