LES GUEDES
Les
guèdes exigeaient des sols riches analogues à ceux de la betterave et elles étaient
cultivées sur les limons des plateaux crayeux de l’Amiénois et du
Vermandois. La Somme était un haut lieu de cultures et de vente ,comme l’est
de Toulouse pour les draperies du Languedoc. Elle est devenue une richesse en
Picardie, dans la deuxième moitié du XIII ème siècle Ce sont les Flamands
qui ont eu l’idée d’affiner en 1390 les guèdes picardes sur le marché
de leur port. Cologne était un grand centre de production et d’exportation de
guèdes
.La guède qu’on appelait pastel dans le midi, était la principale teinture pour obtenir des draps de couleur froide, noirs, ou bleus, verts, ou violets, si elle est mélangée à d’autres teintures. Sans doute la mode du bleu est-elle tardive.
Les
besoins de la guède sont considérables pour les robes noires des clercs.
Une
culture trop intensive de la guède avait épuisé le sol et diminué la valeur
de production et on autorisa l’usage de teintures importées. La guède était
l’une des cultures qui impliquait une main d’œuvre importante, semée en février,
elle se récoltait pendant tout l’été, au fur et à mesure de la maturité
des feuilles qui devaient ensuite être séchées. Il fallait moudre les
feuilles, pétrir la poudre , puis c’était le broyage, pilage tamisage, pour
faire de cette matière un produit tinctorial.
La
culture de la guède était assurément une haute activité, et il est normal
que cette production se soit concentrée dans certaines régions plus que le lin
, le chanvre, et celui des légumes, (On cultivait les jardins, comme les
hortillonnages dans les marais de Saint-Quentin )
Elle
impliquait un développement artisanal, des meuniers, et des contacts pour le négoce.
A partir de 1450, un déclin se fait sentir et le pastel du midi, déjà signalé
en Angleterre au XIV ème siècle, a éliminé la guède du Nord grâce
à son pouvoir colorant, de même nature mais au prix plus élevé. On avait
donc perdu un profit intéressant, et c’est de cette malchance, que les céréales
devinrent un objet d’exportation et les centres européens, comme Bruges, en
1360-1370 commençaient à recevoir, par mer, les céréales pour les distribuer
ensuite. [1]
le renouveau de la guéde
La guède revient en Picardie Après .six siécles d'oubli
" Il faut travailler le plus vite possible axant que le pigment bleu qu'elles produisent ne devienne irrécupérable La guède laissée en terre donne l'année suivante des fleurs jaunes puis monte en graines et meurt", explique Jean François Mortier qui la cultive pour ses feuilles et pour les graines de réensemencement.
Au Moyen Age, Amiens, Corbie et Nesle étaient des centres de ramassage de la guède. Ses feuilles étaient broyées dans les moulins. pressées, séchées puis vendues sous forme de boules appelées coques, ou cocagnes. La guède s'exportait à prix d'or vers l'Angleterre et la Hollande. Le litige franco-flamand à la fin du 13e siècle et la guerre de Cent ans avec l'Angleterre eurent des répercussions désastreuses sur les exportations de la guède et donc sur sa culture qui émigra vers le sud-ouest, nouveau "pays de cocagne". Concurrencé et éliminé par l'arrivée massive de l'indigo d'Amérique au 18e siècle. le pastel tomba dans l'oubli.
Nous espérons une réussite pour le retour de cette plante magique
[1] Source : Picardie – Christine Bonneton – Editeur – Bibliothèque Municipale de Saint Quentin - Monique Bourin-Derruau Temps d’équilibres temps de rupture- Edition du Seuil Nouvelle histoire de la France médiévale- Bibliothèque municipale de Saint Quentin. Agir en picardie page 22/23 .