la construction - Les eglises romanes et gothiques

ART ROMAN ET ART GOTHIQUE

1. Prédominance de l'art religieux. - L'art qui s'est épanoui aux XII éme et XIII éme siècles fut surtout un art religieux. Dans une époque de foi intense, où l'idée chrétienne dominait toute la vie, il était naturel que les hommes, quand ils songeaient à élever et à décorer des monuments durables, voulussent consacrer principalement leur travail à Dieu. C'est dans la construction et l'ornementation des églises que leur effort artistique a trouvé sa plus parfaite expression.

Dès le XI e siècle les constructions et reconstructions d'églises s'étaient multipliées. Pour l'expliquer, on a souvent allégué qu'à l'approche de l'an 1000 les populations s'étaient trouvées saisies d'une sorte de panique, comme si la fin du monde allait survenir, et qu'une fois la date fatidique passée, elles s'étaient mises à édifier partout des églises pour exprimer à Dieu leur reconnaissance de les avoir sauvées du péril. Mais les " terreurs de l'An Mil", dont on a beaucoup exagéré l'importance, ne suffisent pas à tout faire comprendre. Il faut aussi tenir compte de ce fait que de nombreux monuments religieux avaient été brûlés lors des invasions normandes et qu'il était nécessaire de les rebâtir. On en profita pour les faire plus beaux, plus spacieux, mieux résistants à l'incendie.

Dans les pays même où les anciennes églises n'avaient pas été détruites, la piété des habitants ne voulut pas rester en arrière. Elle jeta bas les églises d'autrefois pour en élever d'autres qui pussent rivaliser avec celles qu'on avait reconstruites ailleurs. De ville à ville, de village à village, ce fut une émulation ardente, dont une page célèbre du moine Raoul Glaber nous a transmis le témoignage : '' C'était un concours dans toute la chrétienté à qui posséderait les plus riches et les plus belles églises. La terre faisait peau neuve. On eût dit que le monde dépouillait ses haillons pour vêtir une robe blanche d'églises. ''

Enfin, au XII éme siècle, le développement des Ordres religieux, devenus très riches, les progrès de la bourgeoisie, enrichie elle aussi, les souvenirs rapportés d'Orient, où les Croisés avaient pu connaître des monuments plus importants que ceux de leur pays d'origine, accrurent encore le zèle des bâtisseurs. Puis le mouvement se continua au XIIéme siècle, le peuple y participant de toute sa foi, fournissant les équipes d'ouvriers, donnant largement son temps et sa peine, parfois sans se faire payer.

- Les architectes des nouvelles églises avaient à résoudre un problème difficile: celui de la couverture des édifices. Jusque-là on s'était contenté de charpente de bois soutenant une proie trop facile pour l'incendie. Il s'agissait de substituer au bois la pierre. Mais il fallait éviter que le poids de ces voûtes de pierre, retombant sur les murs latéraux, ne compromit la solidité de ceux-ci. .Aussi, dans les époques précédentes, s'était-on contenté de recouvrir ainsi de petits espaces. Il fallait maintenant arriver à lancer, d'un mur à l'autre d'une nef d'église, de larges voûtes.

Les premiers qui s'y engagèrent furent, au XIe siècle et au début du XIIe, les architectes romans. On se figura, plus tard, qu'ils avaient retrouvé à cet effet les procédés des Romains de l'antiquité, - d'où le nom qu'on leur a donné. En réalité il semble bien que des influences multiples, orientales aussi bien que romaines, les aient inspirés. Toujours est-il que, de tâtonnement en tâtonnement, ils finirent par aboutir à un résultat

Le plan des églises dérive, dans (ensemble, de celui des basiliques de l'antiquité, vastes édifices rectangulaires qui servaient à home pour les séances des tribunaux ou les marchés. L'ancienne grande salle des basiliques est devenue la nef, séparée, comme- autrefois, des bas-côtés de droite et de gauche par des séries de piliers. Le mur en demi-cercle qui la fermait au fond est devenu l'abside ou le chevet : les chrétiens y placèrent l'autel, et la partie entourant l'autel reçut le nom de choeur, parce que le clergé eues chantres s'y groupaient pour chanter les offices. Une innovation dans le plan résulta de ce que, pour rappeler le supplice du Christ, (édifice reçut la forme d'une croix : la nef fut coupée par une seconde nef perpendiculaire à la première, qui dessina les bras de cette croix : le transept. Sur le pourtour de (abside se développèrent des chapelles secondaires, formant absidioles : pour les desservir, on ménagea autour du choeur, dans le prolongement des bas-côtés, une galerie le déambulatoire.

L'ÉPANOUISSEMENT DE LA CIVILISATIONS MÉDIÉVALE

Se servant soit de coupoles, soit de voûtes à demi cylindriques (voûtes en berceau) qu'ils renforçaient par de grands arcs de pierre (arcs doubleaux), ils assurèrent à leurs églises la couverture durable qu'ils souhaitaient.

Beaucoup de ces églises furent élevées par des ordres religieux, l'ordre de Cluny surtout, et leurs architectes furent des moines. Si la principale colle de Cluny même, en Bourgogne, a été presque complètement détruite, d'autres subsistent encore nombreuses en France, comme Saint-Lienne de Nevers, Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Trolirima d'Arles, Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, l'Abbaye aux Hommes de Caen, Sainte-:Madeleine de Vézelay (en Bourgogne). L'emploi de la coupole caractérise spécialement Saint-Pierre d'Angoulême et Saint-Front de Périgueux

 

 Pour assurer la solidité des murs, les architectes romans avaient dû augmenter leur épaisseur, y pratiquer le moins possible d'ouvertures, les étayer au-dehors par des contreforts massifs en maçonnerie : d'où, en général, des édifices trop trapus et, avec leurs fenêtres rares et étroites, médiocrement éclairés. Un progrès restait à accomplir afin d'obtenir des monuments plus légers et plus lumineux.

LES ARCHITECTES

Ce fut, â partir du milieu du XIIe siècle, l'oeuvre des architectes gothiques, des maîtres d'oeuvre comme on les nommait du même coup l'élever davantage, porter la voûte à une plus grande hauteur, donner à l'édifice plus d'ampleur à la fois et de légèreté. Pareillement, au dehors, on remplaça les disgracieux contreforts romans plaqués au mur lui-même par des contreforts isolés du monument, simplement reliés à celui-ci par des arcs de pierre élégamment jetés au-dessus du vide, les arcs-boutants : à l'extérieur aussi l'église apparut plus élancée et plus légère.

L'histoire de l'architecture gothique marque un effort persévérant pour donner toujours aux monuments plus de légèreté et de clarté. Au début, les premières cathédrales, - celles de la fin du xiie siècle, - Notre-Dame de Paris, Laon, Sens, gardaient encore quelque chose de la massivité des églises romanes, avec leurs murs épais et leur éclairage parcimonieusement distribué. Celles du début du XIIIe siècle (Chartres, Bourges, Soissons, Rouen, Reims, Amiens) montrent déjà plus de hardiesse; leurs nefs sont plus vastes et plus lumineuses. Mais c'est seulement après 1230, avec les églises du règne de saint Louis, - Saint-Denis, Metz, Troyes, Auxerre, Beauvais, - que les architectes, pleinement maîtres de leur art, accomplirent de véritables tours de force pour élever la voûte à des hauteurs prodigieuses et réduire les murs à leur plus simple expression : la Sainte-Chapelle de Paris n'est plus guère qu'une cage de verre.

De France, cette architecture s'acclimata rapidement dans les pays étrangers. L'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et, plus loin, les pays Scandinaves et l'Orient même (en Serbie et dans les possessions chrétiennes de Chypre et de Rhodes), adoptant l'art français, en firent un art vraiment européen.

. La sculpture. -

 L'art romain et l'art gothique ne valent pas seulement par la beauté de. leur architecture. On connut également une magnifique renaissance de la sculpture dans chaque église, les portails, les galeries, les chapiteaux s'ornèrent de statues ou de bas-reliefs, qui devaient rappeler aux fidèles les croyances essentielles de leur religion, l'Histoire Sainte, la vie des saints locaux : l'église devint ainsi comme un gigantesque livre de pierre, où les plus humbles pouvaient s'instruire. En outre, des motifs décoratifs furent empruntés à la vie quotidienne (personnification des mois, des saisons, des vertus, des vices), à la faune et à la flore locales. Parfois même la fantaisie des artistes se donna libre carrière dans la caricature (personnages grotesques des gargouilles).

Au XIIe siècle une importante école de sculpteurs qui prospérait à Toulouse et dans sa région produisit les premières oeuvres originales de la statuaire romane

les ressoures des EgLises

L'Église recherche aussi de l'argent pour construire d'autres églises : elle a la dîme, le droit d'annate. La naissance, le mariage, la maladie, la mort, tout sert au clergé de prétexte pour rançonner les malheureux paysans. Les curés ont droit au plat de noces, au plat de funérailles, dans quelques paroisses, au lit du mort.

On paye encore les offrandes à la messe, les offrandes des premiers fruits, les offrandes des premiers-nés des animaux domestiques, les dîmes, la bénédiction du lit nuptial et celle des nouveaux mariés, le lendemain de leurs noces, la bénédiction des champs. des jardins, des puits, des fontaines. des maisons nouvellement construites. la bénédiction de la besace du voyageur, la bénédiction des raisins, des fèves, la bénédiction des cuves, des agneaux, du fromage, du lait, du miel, la bénédiction des bestiaux en temps de peste, la bénédiction des armes, des épées, des poignards, des drapeaux. TOUT CELA FAIT BEAUCOUP POUR LES UNS ET LES AUTRES ......

la couleur dans les Eglises

SOURCE Cours histoire A. Huby  - Librairie Delagrave 1939 -L'Europe au XI éme siècle au XVéme siècle- collection perso -ouvrage   de l'Education Nationale  -Site internet Cathédrale d'Amiens- Les cahiers SCIENCE ET VIE Réedition  Sciences et techniques des cathédrales numéro mai 2003. Et http://college.bayard.free.fr/